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Vers une progression de 40 % des défaillances en 2023 ?

L’évolution du nombre de défaillances est l’un des marqueurs importants de l’état de santé de l’économie. Les cédants et repreneurs potentiels, pour qui la confiance en l’avenir est un facteur clé, le savent bien et se doivent de suivre cette évolution avec attention. EY et AU Group viennent de publier leur étude sur les projections des défaillances en 2023.

Par Cyril ANDRE - le 23/02/23

S’il est bien un domaine qui a été particulièrement impacté par le Covid, ce sont les défaillances d’entreprises. En 2020 et 2021, le nombre de faillites a été historiquement bas grâce aux mesures de soutien gouvernementales, mais aussi du fait de l’activité en pointillé des tribunaux de commerce. L’exercice 2022 s’est normalisé (41 000 défaillances) sans, toutefois, être comparable aux années pré-Covid. L’an dernier, au fil des mois, le rythme des défaillances s’est accéléré.  

Selon EY et AU Group, le rebond des faillites qui s’est enclenché en 2022 n’est pas terminé. « Pour une majorité de pays, nous n’avons vu qu’une partie de la normalisation qui était mécaniquement attendue avec la fin progressive des mesures de soutien liées au Covid 19. Les réserves accumulées depuis la reprise ont permis d’absorber les chocs sur 2022, au moins en partie, mais cette résilience des entreprises est confrontée à une triple menace pour 2023 », souligne l’étude.  

Les menaces qui pèsent sur les entreprises pour l’année en cours sont une croissance plus faible, des marges réduites ainsi que des conditions de financement qui se détériorent. Cette triple menace résulte, notamment, des effets domino de la guerre en Ukraine, à travers la flambée des prix de l’énergie et des matières premières, et des conséquences des différents confinements en Chine sur les chaînes d’approvisionnement. Autre signe : une augmentation des demandes de rééchelonnement des PGE par le biais de la médiation du crédit ou par des procédures de conciliation en fonction de la taille des dossiers.

Une année 2023 sans doute compliquée pour beaucoup d’ETI

Dans ce contexte propice à une nouvelle poussée des faillites, la progression serait au minimum de + 40 % en France ; soit, près de 60 000 défaillances. Ce niveau serait donc plus élevé dans les années pré-Covid (54 400 en 2018 et 51 100 en 2019). Sur le plan mondial, les analystes de EY et AU Group s’attendent à une hausse des défaillances d’environ 20 %. Notons que certains pays plutôt épargnés, comme les Etats-Unis, la Chine et l’Allemagne, vont également connaître un rebond sensible du nombre de défaillances.

Sans parler de la progression de leur sinistralité, l’étude signale que 2023 pourrait être une année compliquée pour les ETI. L’horizon s’est obscurci, à l’été 2022, pour les ETI, en particulier industrielles, qui affrontent leur troisième crise en deux ans. Une importante crise des coûts de production (forte progression des coûts des matières premières, des intrants et de l’énergie). « Effacement des marges, perte sévère de compétitivité face à leurs concurrents asiatiques et nord-américains… l’année 2023 s’annonce pour nombre d’entre elles comme un véritable saut dans l’inconnu », estiment les auteurs de l’étude.

Selon ces derniers, ce sont, en majorité, des entreprises saines et en plein développement qui se trouvent, aujourd’hui, fragilisées. Dans ce contexte, il est important que les dispositifs de soutien face à la crise énergétique annoncés par le gouvernement touchent la cible des ETI.