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« Les TPE et PME ont fait preuve de résilience en 2022 »

« Les TPE et PME ont fait preuve de résilience en 2022 »

Dans un contexte de crise liée à l’inflation et aux coûts de l’énergie, la 76e enquête de conjoncture auprès des PME de Bpifrance apporte un éclairage intéressant sur la situation des TPE et des PME en fin d’année 2022 et sur leurs perspectives 2023.

Par Cyril ANDRE - le 10/01/23

Le premier enseignement majeur de cette enquête de Bpifrance est que l’activité des TPE et PME a ralenti au cours de l’année 2022, tout en demeurant assez dynamique. « A +27, le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires perd 8 points sur un an, mais en gagne 3 sur le semestre et reste nettement au-dessus de sa moyenne historique (+14) », souligne Bpifrance. Le chiffre d’affaires moyen des TPE et PME a progressé de 5,7 % en 2022, à comparer à la hausse de 7 % enregistrée l’année précédente. Toutefois cette progression  est, en partie, la résultante de l’augmentation des prix de vente, en réaction à la hausse des coûts de production.

Logiquement, dans ce contexte de hausse des coûts de production, la trésorerie des TPE et PME s’est dégradée en 2022. L’indicateur relatif à la situation de trésorerie perd 11 points sur un an, mais demeure, toutefois, au-dessus de sa moyenne de long terme. Rappelons qu’il avait atteint son plus haut historique il y a un an. 72 % des TPE et PME ont augmenté leur prix de vente en 2022afin d’amortir l’impact de la hausse des coûts sur leur situation financière.

55 % des dirigeants de TPE et de PME estiment que les hausses des coûts de l’énergie ont eu un impact négatif significatif sur le résultat de leur entreprise en 2022, mais seulement 5 % assurent que cela les a fait basculer dans le rouge. Ce dernier pourcentage passe à 10 % pour les secteurs de l’industrie et du tourisme. Par ailleurs, sur les derniers mois de 2022, les difficultés d’approvisionnement se sont quelque peu tassées. En novembre 2022, ce sont 72 % des TPE et PME qui disent y avoir été confrontées, contre 74 % en mai. 60 % de ces dernières ont dû limiter leurs activités de ce fait.

Une dégradation de la rentibilité en 2023 ?

« Partant d’une situation plutôt confortable, les TPE et PME ont fait preuve de résilience en 2022, malgré des contraintes de production persistantes et la hausse des prix de l’énergie. Afin d’amortir le choc, elles ont notamment puisé dans leur PGE et augmenté leurs prix de vente. Alors que les marges de manœuvre se réduisent, les perspectives s’assombrissent pour 2023, en particulier pour les entreprises les plus exposées à la crise énergétique. Les indicateurs laissent attendre une activité et un investissement atone cette année », estime Phillippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance.

Pour faire face à l’augmentation des coûts, l’une des solutions adoptées par les TPE et PME est de puiser dans leur PGE, pour celles qui avaient contracté ce prêt. Parmi ces dernières, 57 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (contre 53 % en mai 2022 et 47 % en novembre 2021), dont 38 % dans sa quasi-totalité (contre 29 % en novembre 2021). Ainsi, le PGE est en partie utilisé pour amortir le choc sur les coûts énergétiques. 5 % des dirigeants craignent de ne pas pouvoir rembourser leur prêt, soit une proportion stable sur un an.

En dépit ce ces nombreuses difficultés, le pourcentage des TPE et PME qui investissent en 2022 est demeuré stable sur un an, à 47 %, mais inférieur à son niveau d’avant crise sanitaire (51 % fin 2019). Toutefois, les montants investis diminuent. L’indicateur de Bpifrance sur ce plan perd 8 points, tout en restant proche de sa moyenne de long terme.

Pour 2023, les dirigeants ne se montrent guère optimistes. L’indicateur prévisionnel d’activité chute de 25 points sur un an et se retrouve inférieur de 11 points à sa moyenne de longue période. Ils anticipent une dégradation de la rentabilité de leur entreprise : 24 % prévoient une baisse et seulement 15 % mis sur une hausse. La forte incertitude sur l’environnement économique, les difficultés d’approvisionnement et la facture énergétique attendue en hausse sont les principales explications de ce pessimisme ambiant.