Logo cession affaire

Les difficultés des PME pour réduire leur empreinte carbone

Quelle est l’attitude des dirigeants de PME et d’ETI face à l’urgence climatique, et, en particulier de leur empreinte carbone ? La troisième étude Climat de Bpifrance Le Lab, qui vient d’être rendue publique, apporte des éléments de réponse chiffrés à cette question, deux semaines après la publication du 6eme rapport du GIEC.

Par Cyril ANDRE - le 11/04/23

Comme l’explique Bpifrance, la contribution des PME et des ETI à la réussite de la transition écologique est déterminante puisque ces dernières représentent environ 30 % de l’empreinte carbone de la France. Au vu des chiffres de cette étude, il est indéniable que les chefs d’entreprise ont pris conscience de leur responsabilité en la matière. Cette année, 72 % des dirigeants déclarent avoir réduit leurs émissions carbone au cours des 5 dernières années, contre 46 % en 2020. Par ailleurs, 88 % de ces derniers assurent être en capacité de pouvoir les réduire dans les 5 prochaines années, contre 46 % en 2020.

Lors de sa précédente étude sur le sujet en 2020, Bpifrance Le Lab observait une dissonance entre une conscience citoyenne forte des dirigeants, mais un niveau d’action relativement faible. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. « 82 % des dirigeants intègrent l’enjeu climat dans leur stratégie d’entreprise (vs 50 %en 2020), 35 % déclarent avoir évalué leurs émissions carbone au cours des 5 dernières années (vs 16 % en 2020) », souligne Bpifrance.

Pour parvenir à réduire leur empreinte carbone, ils prévoient des actions plus fortes dans cet horizon de 5 ans, avec de l’écoconception (pour 43 % d’entre eux), la sélection des fournisseurs (pour 40 %) et surtout l’achat d’équipements plus performants énergétiquement (pour 60 %). Selon Bpifrance, il est urgent pour les chefs d’entreprise d’agir vite pour une transition qui ne se fait pas en un jour, tant elle implique une transformation profonde du business model, un degré d’innovation élevé et des compétences multiples.

Le client n’est pas prêt à payer plus cher pour des produits plus verts

Toutefois, certaines données de cette étude peuvent alerter. En effet, 59 % des dirigeants de PME et d’ETI pensent réduire « un peu » leur empreinte carbone dans les 5 ans à venir, un chiffre similaire à celui de 2020. Le manque de temps demeure un frein important pour les deux tiers des dirigeants. Paradoxalement, 63 % des chefs d’entreprise ne se disent pas inquiets quant à leur capacité à piloter la décarbonation de leur entreprise, alors que, dans le même temps, ils se disent conscients de la complexité d’une telle transition.  

Aujourd’hui, pour la grande majorité des entreprises interrogées, leurs actions engagées semblent bien insuffisantes pour amorcer une véritable inflexion de la courbe des émissions carbone. En effet, les moyens pour verdir leurs activités ont porté, notamment, sur l’extinction automatique de la lumière (77 %), le tri des déchets (68 %), l’achat d’équipements plus performants énergétiquement (63 %) et la réduction de l’usage du papier et du plastique (58 %).  « Donc, il s’agit d’une mise en marche à « petits pas » puisque les actions plus ambitieuses comme m’éco-conception ou la sélection des fournisseurs d’après des critères environnementaux arrivent très loin derrière en termes de moyens mis en œuvre (respectivement 30 ù et 21 %). Jamais les dirigeants ne mettent en avant la nécessaire refonte de leur stratégie ou la modification de leur business model. Il leur faut maintenant changer de braquet pour se maintenir dans la compétition mondiale et s’aligner sur les objectifs de l’accord de Paris », peut-on lire dans l’enquête de Bpifrance.  

Le principal obstacle à cette nécessaire transition écologique reste, bien entendu, d’ordre financier. Les dirigeants pointent, très majoritairement, le manque de reconnaissance du client. Ce dernier n’est pas prêt à payer plus cher pour des produits plus verts (à 75 %). Ils notent également l’absence de visibilité sur le retour sur investissement (à 73 %) et la perte de compétitivité à court terme par rapport à ses concurrents (à 70 %). Par ailleurs, les dirigeants déplorent les lourdeurs administratives ainsi que les normes qui se superposent et changent en permanence. Au final, il apparaît que la grande majorité des dirigeants a une vraie conscience environnementale, mais que l’aspect financier peut bloquer leur volonté de bien faire.