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Les chiffres en trompe-l’œil des défaillances d’entreprises

L’étude de référence sur les défaillances d’entreprises réalisée par Altares, et portant sur le 1er trimestre 2021, doit être lue avec attention. De prime abord, les chiffres sont bons, mais ils cachent une réalité plus inquiétante.

Par Cyril André - le 14/04/21

Sur le premier trimestre de cette année, 7 406 procédures collectives ont été ouvertes, soit une baisse de 32,1 % par rapport à la même période de 2020. Comme le souligne Altares, le niveau général des défaillances demeure donc exceptionnellement bas. Comme pour les trois trimestres précédents, ce niveau très bas des défaillances s’explique avant tout par les aides dont ont bénéficiées les entreprises, et en particulier les plus fragiles, dans le contexte bien particulier de la crise sanitaire. Durant de nombreux mois en 2020, le gouvernement a décidé du gel des cessations de paiement, de la fermeture des juridictions et donc de la suspension temporaire des audiences.

Pour toutes ces raisons, les chiffres de défaillances sont aujourd’hui historiquement bas. Mais, il pourrait bien s’agir de la fin d’une parenthèse bien atypique. En effet, au vu des données d’Altares, le mois de mars pourrait bien constituer un point de bascule. Au cours des deux premières semaines de ce mois de mars, les défaillances d’entreprises sont encore en fort recul (- 48 %) comparé à la même période de l’année précédente. Mais lors de la deuxième quinzaine de mars, elles explosent de 155 %. Une progression encore jamais observée.

Un taux de liquidation directe jamais atteint depuis 20 ans

« C’est aussi en mars qu’émergent les chiffres concrets sur la détresse de centaines d’entreprises qui se trouvent en cessation de paiement, en dépit des dispositifs de soutien publics. Car désormais, 8 entreprises sur 10 qui se présentent devant les tribunaux sont directement liquidées, un taux jamais atteint depuis 20 ans », souligne Thierry Millon, directeur des études Altares.

En effet, le taux des liquidations judiciaires directes a nettement accéléré depuis le début de l’année. Il atteint 77 % des jugements sur l’ensemble du premier trimestre (soit  5 743 jugements) et même 79 % sur le mois de mars.

Comme de coutume, ce sont les entreprises les plus petites qui demeurent les plus fragiles. Ainsi, les TPE de moins de 3 salariés concentrent 75 % des procédures. « Ces entreprises se présentent toutefois devant le tribunal en situation financière tellement compromise que 80 % d’entre elles sont placées directement en liquidation judiciaire », précise Altares.

Il est à noter que pour les PME de plus de 100 salariés, le nombre de défaillances a augmenté sur un an. 23 de ces grosses PME ont défailli sur les trois premiers mois de l’année, soit 6 de plus que sur la même période de 2020.