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Défaillances : une forte progression à, toutefois, nuancer

Altares vient de dévoiler son bilan 2022 des défaillances d’entreprises. Avec 42 514 procédures enregistrées, la hausse est de 49,9 % par rapport à 2021. Une progression historique. La tendance est demeurée forte sur le dernier trimestre de l’année (+48 %), après l’envolée de l’été (+70 %) et les fortes augmentations du début de l’année (+35 % sur le premier trimestre et +50 % lors du second).

Par Cyril ANDRE - le 17/01/23

Il est, toutefois, important de relativiser quelque peu ces données. Si le volume des défaillances remonte à son niveau de mai 2020, il reste inférieur de 18 % à celui enregistré en 2019. La crise de covid, et les soutiens aux entreprises en 2020 et 2021, étant passés par là !

« Depuis 2020, 103 000 entreprises ont fait défaut contre 162 000 durant les trois années précédentes. 59 000 défaillances ont ainsi été « épargnées » grâce, notamment, aux dispositifs d’aides publiques déployées pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine. Pourtant, si le risque a été anesthésié, évitant la déferlante tant redoutée des faillites, les entreprises ne sortent pas indemnes de ces longs mois de turbulence. Entre inflation et crise énergétique, le climat se complique encore et les fonds propres sont mis à contribution », analyse Thierry Millon, directeur des études Altares.

Avec une progression de 55,8 % par rapport à 2021, les redressements judiciaires atteignent le chiffre de 10 132 en 2022, à comparer toutefois aux 15 928 enregistrés en 2019. Pour leur part, les liquidations judiciaires directes progressent de 47, 9 % en 2022 pour atteindre 31 257. Un peu plus de 35 000 procédures de ce type avaient été ouvertes en 2019. Avec 1 125 jugements prononcés, les procédures de sauvegarde sont à leur plus haut niveau depuis 5 ans.

Des prévisions assez pessimistes pour 2023

Alors que ce dispositif réservé aux entreprises en difficulté, mais qui ne sont pas en cessation de paiement, peut se révéler fort utile, son utilisation reste encore faible. Les sauvegardes ne représentent, en effet, que 3 % de l’ensemble des procédures.

Certes, les défaillances touchent toutes les tailles d’entreprises, cependant la situation apparaît particulièrement préoccupante pour les PME de 10 à 99 salariés. En effet, 3 214 ont défailli en 2022 contre 1 804 en 2021, soit une progression de pas moins de 78 % sur une année. Soulignons que le 4e trimestre 2022 concentre à lui seul le tiers de ces défaillances de PME, soit une progression proche de 100 % par à la même période de l’année précédente. Bien entendu, le nombre des emplois menacés est en forte progression. Tombé en 2021 sous le seuil des 100 000 , il atteint 143 000 l’an passé. Toutefois, c’est 40 000 de moins qu’en 2019.

« 2019 s’était achevé sur 52 000 défaillances. 2023 pourrait dépasser ce seuil et nous ramener aux valeurs de 2017 au-delà de 55 000. Un nombre certes important, mais plutôt raisonnable au regard du contexte très difficile que nous traversons », poursuit Thierry Millon. Celui ce dernier, pour certaines TPE et PME, la fragilité de leur structure financière est en cause. Pour d’autres, c’est paradoxalement leur incapacité à honorer des carnets de commandes, pourtant bien remplis, qui pourrait les amener au défaut.