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Transmission : mode d’emploi du Pacte Dutreil

Par Cyril ANDRE - le 17/11/16

Le pacte Dutreil est un dispositif très intéressant sur le plan fiscal dans le cadre d’une transmission familiale. Il est bien  adapté aux transmissions de TPE et de PME. Maître Françoise Jaouen et Maître Bertrand Genachte, avocats au sein du cabinet Cornet Vincent Segurel, ont établi un petit catalogue des idées fausses à propos de ce Pacte Dutreil Transmission (art 787 B du CGI) :

Fruit d'une superposition de textes législatifs et de réponses ministérielles depuis 2003, le dispositif Pacte Dutreil Transmission est un formidable outil de transmission d'entreprise.

Les exemples sont très nombreux qui prouvent que malgré son ancienneté le dispositif est encore mal connu ou mal suivi dans le temps, notamment en ce qui concerne les obligations déclaratives annuelles dont l'omission entraîne la remise en cause du régime de faveur et donc la réclamation du complément de droits et l'application d'un intérêt de retard de 0,40% mensuel…

Le Pacte Dutreil Transmission permet de bénéficier d'un abattement de 75% sur la valeur d'une entreprise individuelle ou des titres d'une société pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit (donation ou succession) étant précisé qu'il se cumule avec l'abattement général de 100.000 €, la réduction de droits de 50% en cas de donation en pleine propriété avant l'âge de 70 ans et le paiement différé des droits.

Toutefois, la complexité de ce dispositif le rend délicat à manier et une remise en cause dans le cadre d'un contrôle fiscal peut conduire à devoir vendre l'entreprise pour payer les rehaussements. De nombreuses erreurs sont encore commises tant dans la mise en place que dans le suivi.

Les exemples ci-après vous donneront une idée des écueils à éviter :

-« j'ai signé un Pacte d'Associés donc un Pacte Dutreil » : non ! Le Pacte d'Associés complète les statuts alors que le Pacte Dutreil est un engagement fiscal. Ce dernier nécessite notamment de conclure un engagement collectif de conservation de titres d'une durée minimale de 2 ans et portant sur au moins 34% des titres de la société (20% en cas de société cotée);

-« j'ai signé un Pacte Dutreil ISF qui vaut Pacte Dutreil Transmission » : non ! Certaines conditions sont communes, mais ce sont des dispositifs distincts ;

- « je suis en situation de « réputé acquis », je n'ai donc pas besoin de signer un Pacte » : oui, il existe une tolérance légale qui permet de faire l'économie des deux ans de conservation collective en considérant que l'engagement a déjà été satisfait si le donateur ou le défunt a détenu les titres et dirigé l'entreprise depuis au moins deux ans. Attention cependant, le « réputé acquis » exige que l'un des donataires soit dirigeant pendant au moins trois ans après la transmission.

- « j'ai signé un Pacte Dutreil pour une durée indéterminée, j'ai donné les titres depuis plus de deux ans donc mes enfants pourront les vendre dans quatre ans » : non ! L'engagement individuel des donataires d'une durée de quatre ans ne commence à courir qu'à la fin de l'engagement collectif de deux ans. Il est donc conseillé de prévoir le terme dans l'acte de donation si l'on ne veut pas que l'engagement collectif perdure indéfiniment !

- « j'ai donné mes titres à l'un de mes enfants à charge pour lui de verser une soulte à ses frères et sœurs. Pour la financer, il a créé une holding » : attention, le donataire bénéficiera de l'abattement de 75% y compris sur la soulte, mais il ne pourra pas apporter ses titres à la société holding pendant la durée restant à courir de l'engagement collectif de conservation.

- « l'un de mes enfants a omis de prendre l'engagement individuel dans l'acte de donation, mais il a bien signé les attestations annuelles » : grosse erreur, cela remet en cause rétroactivement la totalité du dispositif !

-« j'ai donné depuis plus de trois ans donc c'est prescrit » : non ! Dans le cadre du Pacte Dutreil, la prescription est de 6 ans et court à compter de la fin des engagements de conservation, car c'est à compter de ce moment-là que l'administration fiscale est en mesure de vérifier que toutes les conditions ont bien été respectées.