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Quelques vérités sur la transmission d’entreprise…

Concernant la reprise et la transmission d’entreprise, il existe nombre d’idées reçues et d’approximations. Il est aussi que la matière est complexe. Sur le site des CCI, Didier Ducrocq, conseiller expert en transmission d’entreprise et croissance externe à la CCI Eure-et-Loir, livre son expérience et donne quelques clés de compréhension.

Par Cyril ANDRE - le 24/03/23

Qu’il s’agisse de la transmission d’une TPE, d’une PME ou d’une affaire artisanale, l’une des erreurs communes font bon nombre de cédants réside dans leur manque d’anticipation d’une opération pourtant capitale pour eux. Pour bien vendre, il est commun de dire que la mariée doit être belle, et cela demande une réflexion et certaines actions bien en amont. « Le dirigeant prend très souvent la décision de céder son entreprise sans préparer cette transmission : il veut vendre sa boîte dans l’année ! Étant au four et au moulin dans la gestion de son entreprise, il n’a pas anticipé sa succession, et n’a pas mis en place, dans les deux ou trois années précédentes, les équipes et les compétences pour faciliter la transmission », explique Didier Ducrocq.

L’expert de la CCI souligne l’importance, pour le cédant, de réaliser un diagnostic de transmissibilité, et ce, le plus tôt possible. Ce diagnostic va, notamment, alerter le cédant sur les éventuelles fragilités et facteurs de risque de son entreprise, comme, à titre d’exemple, la dépendance de son chiffre d’affaires sur trop peu de clients ou un intuitu personae trop fort. « Malheureusement, bien peu de dirigeants anticipent la transmission ce qui peut conduire à la dévalorisation de leur entreprise lors de sa vente. Et pourtant la préparation d’une transmission est aussi avantageuse d’un point de vue fiscal », poursuit-il. En effet, et dans le cas d’une transmission familiale, la constitution d’un Pacte Dutreil permet de notablement alléger la charge de l’opération.

La cohérence de l’évaluation est un élément clé

Une autre idée fausse est que la valeur d’une entreprise est son prix de vente. En réalité, dans le marché de la transmission d’entreprise, le prix de cession peut être inférieur ou supérieur à sa valeur. « Le repère à avoir à l’esprit est la manière dont l’entreprise a été évaluée dès le début du processus de transmission. Plus le calcul lors de l’évaluation est cohérent et réaliste, plus les chances du cédant de vendre à un prix proche du calcul de départ sont grandes », reprend l’expert en transmission de la CCI.

Selon ce dernier, le critère le plus important pour déterminer la valeur d’une entreprise est sa capacité à générer de la rentabilité, à savoir, son niveau d’excédent brut d’exploitation. Car le cash flow dégagé va permettre au repreneur de rembourser la dette d’acquisition. Soulignons que la cohérence de l’évaluation ainsi que les différentes méthodes employées sont des éléments clés. D’ailleurs, et à juste titre, le repreneur et ses conseils seront particulièrement vigilants sur ce point.

Certains repreneurs potentiels peuvent estimer que l’accès aux financements constitue un frein à la reprise. Si le repreneur ne vise pas une cible trop importante par rapport à ses moyens, cette idée est généralement fausse. « Si le prix de vente est cohérent, que les comptes de la société permettent de rembourser la dette liée à l’acquisition sans freiner le développement de l’entreprise, il n’y a généralement pas de soucis pour financer l’opération », assure Didier Ducrocq.

Bien évidemment, le banquier va analyser le risque associé à toute demande de financement. Si un porteur de projet affronte le refus de prêt de tous les établissements bancaires qu’il a sollicité, il est important qu’il analyse ce signal comme une alerte : le prix de l’entreprise est trop élevé et le repreneur n’apporte pas les garanties suffisantes.