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PME : les obstacles à la croissance externe

PME : les obstacles à la croissance externe

Comme le montre l’étude de Bpifrance « La croissance externe à l’échelle des PME », une large majorité des dirigeants de PME ont déjà envisagé l’acquisition d’une autre entreprise. Mais « seulement » 34 % d’entre eux ont pu mener ce projet à son terme. Bien entendu, les obstacles sont nombreux et peuvent démotiver des dirigeants déjà fortement mobilisés par la gestion de leur propre entreprise.

Par Cyril ANDRE - le 09/11/22

Faire prospérer son entreprise reste l’objectif prioritaire de quasiment tous les dirigeants. Pour ce faire, l’une des stratégies est la croissance externe, à savoir acquérir une autre entreprise. L’enquête de Bpifrance montre que 81 % des dirigeants de PME ont déjà envisagé un projet d’acquisition d’entreprise, soit une proportion très importante.

Il ressort donc des chiffres de Bpifrance que 19 % des dirigeants de PME n’ont jamais envisagé de projet d’acquisition au cours des cinq dernières années. « Cette décision peut être prise par défaut par ceux qui ne se sont jamais penchés sur le sujet. Elle peut aussi être le fruit d’analyses de risques et d’opportunités », soulignent les auteurs de l’enquête. En effet, l’acquisition d’une entreprise peut être à l’origine de bouleversements qui ne sont pas forcément souhaitables pour certains chefs d’entreprise. Par ailleurs, certains dirigeants seraient favorables à une acquisition, mais ils n’en ont tout simplement pas la possibilité, car trop absorbés par la gestion opérationnelle de leur société. Dans certains secteurs, la croissance externe n’est tout simplement pas indiquée au vu de la conjoncture.

Le prix de cession demeure le principal point de tension

Parmi les 81 % de dirigeants ayant envisagé un projet d’acquisition, 26 % ne se sont finalement pas lancés dans des démarches concrètes. Parmi ces derniers, certains ont des velléités d’acquisition indécises alors que d’autres peuvent déjà avoir une première idée de la cible idéale. Mais, tous restent bloqués au stade de la réflexion. Ces dirigeants mettent en exergue trois principaux facteurs d’empêchement : le manque de temps (pour 69 % des interrogés), le manque de compétences en interne pour les épauler (69 %) et le manque de fonds pour se lancer sans nuire à l’équilibre financier de leur entreprise (63 %).

Sur les 81 % de ceux ayant projeté une opération de croissance externe, 21 % ont été contraints d’abandonner leur projet en cours de route. « Ces mouvements de croissance externe, même s’ils sont bien préparés, demeurent complexes et exigeants. Dans ce contexte sensible, certains petits cailloux peuvent bloquer les rouages les mieux huilés », note Bpifrance. Deux étapes du processus de rachat entraînent davantage d’abandons que d’autres, à savoir les négociations (pour 51 % des cas d’abandon) et les due diligence (25 % des cas). Sans grande surprise, au cours des négociations, c’est le prix de cession qui demeure le principal point de tension, suivi par les discussions sur la garantie d’actif et de passif et celles sur l’intégration de l’équipe de management de la cible.  

La délicate intégration de la société cible

Les audits et les due diligence peuvent s’avérer, également, être des points de blocage, car, en analysant de façon approfondie les caractéristiques de l’entreprise, ils peuvent révéler des défauts rédhibitoires à la poursuite des discussions. Cette phase peut donc être source de vives tensions entre les parties, y compris d’ordre psychologique. « Quand l’acheteur creuse pour identifier un éventuel vice caché, le vendeur observe un inconnu soulever le capot de sa société et émettre des critiques à son encontre pour peser dans les négociations », observent les auteurs de l’étude. Soulignons que la recherche de financements auprès de partenaires bancaires ou d’investisseurs a provoqué bien moins d’abandons, respectivement 6 % et 5 %.

Au final, sur les 55 % de dirigeants qui ont envisagé une acquisition et qui se sont réellement lancés, 34 % sont parvenus à mener leur opération jusqu’au bout. Si la valorisation de la cible et les négociations autour du prix de cession ont représenté des difficultés pour 38 % d’entre eux, c’est, pourtant, l’intégration de la société acquise qui s’est révélée être la phase la plus complexe (pour 43 % des répondants).