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Le Pen et Macron : des vues semblables sur l'entreprise mais une différence majeure

Seulement 17 % des voix au premier tour des présidentielles de la part des chefs d’entreprise, artisans et commerçants. Marine Le Pen n’est pas parvenue à séduire les entrepreneurs comme elle a pu le faire auprès d’autres catégories de la population. Selon les dernières études, ces derniers s’apprêtent à voter majoritairement pour Emmanuel Macron.

Par Cyril ANDRE - le 02/05/17

Pourtant sur la plupart des sujets concernant directement les entreprises, Marine Le Pen et Emmanuel Macron défendent des positions qui ne sont finalement pas si éloignées que cela.

A titre d’exemple, Emmanuel Macron veut remplacer le CICE par une baisse des charges. Marine Le Pen, pour sa part, souhaite recentrer ce dispositif vers les PME et les start-ups. Le corollaire est une baisse des charges. Le premier supprime les cotisations maladie et chômage (salariales et patronales) et applique une baisse des charges patronales de 6 points qui serait financée par une hausse de la CSG. La seconde allège les cotisations sociales et souhaite fusionner l’ensemble des dispositifs d’allègement des charges afin de le rendre plus efficace pour les TPE et les PME.

Tous les deux disent vouloir conserver les 35 heures et souhaitent rétablir l’exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Marine Le Pen les exonèrerait d’impôts quand Emmanuel Macron instaurerait beaucoup plus de souplesse au niveau des accords de branches pour pouvoir multiplier les heures supplémentaires.

Le discours est sensiblement le même dans le domaine de la fiscalité des entreprises :  Emmanuel Macron souhaite ramener l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 %, soit la moyenne européenne. Marine Le Pen explique vouloir conserver le taux réduit à 15 % pour les TPE et instaurer un taux intermédiaire à 24 % pour les PME. Sur ces différents points, qui ne sont pas des moindres,  les deux candidats ont des vues assez proches.

L’Europe : une différence fondamentale

Nombre de mesures proposées par Marine Le Pen et par Emmanuel Macron pour l’entreprise sont proches, mais il est toutefois une différence fondamentale qui emporte tout le reste : leur politique européenne. Marine Le Pen souhaite une renégociation des traités européens et, bien sûr, la sortie de l’Euro et des accords de Schengen quand, à l’inverse, Emmanuel Macron préconise l’instauration d’un gouvernement économique européen et la création d’un budget de la zone euro. Il souhaite aussi un « buy european act » en réservant l’accès aux marchés publics européens aux entreprises localisant au moins la moitié de leur production en Europe.

Soulignons que sur un plan plus social, les candidats défendent chacun des orientations distinctes. Emmanuel Macron souhaite ouvrir les droits au chômage aux indépendants, aux artisans et aux commerçants avec un financement supporté par l’impôt plutôt que par ceux qui travaillent. Soulignons aussi, que le candidat d’En Marche ! veut mettre un terme aux régimes spéciaux, ce que personne n’a réussi ou osé mettre concrètement en œuvre jusqu’à aujourd’hui. De son côté, Marine Le Pen abrogerait la loi Travail et remplacerait le compte pénibilité par un nouveau dispositif reposant sur une évaluation personnalisée. Elle taxerait à 35 % les produits des entreprises qui délocalisent et instaurerait une contribution sociale sur les importations.

De nombreux grands patrons et des dirigeants de PME ainsi que le Medef se sont très clairement exprimés en faveur d’Emmanuel Macron. Il est fort probable qu’ils soient entendus et écoutés par une majorité d’entrepreneurs.