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Forte hausse des défaillances : vers un retour à la situation d’avant covid…

Le rythme des défaillances d’entreprise a progressé très fortement durant la période estivale. Sur le 3e trimestre de l’année, la progression est de 69 % par rapport à la même période de 2021. Comme le souligne le groupe Altares, le retour aux standards d’avant covid s’accélère. La hausse de la sinistralité a été très nette pour les PME de 20 à 49 salariés.

Par Cyril ANDRE - le 11/10/22

Lors du 3e trimestre de l’année en cours, 8 950 entreprises ont défailli, soit une hausse de 68,5 % sur l’année précédente. Une hausse encore jamais atteinte. Il faut, toutefois, relativiser en rappelant que la sinistralité sur le 3e trimestre 2021 a été historiquement faible. Sur 12 mois glissés, la barre des 38 000 ouvertures de procédure collective est franchie pour la première fois depuis 2020. Mais ce total est encore loin du nombre de défaillances, sur la même période, enregistré en 2019, à, savoir 53 500.

Sur le 3e trimestre 2022, les liquidations judiciaires directes représentent près des trois quarts des jugements d’ouverture (6 612). Ce taux est nettement supérieur à celui constaté avant la crise sanitaire. Pour leur part, les procédures de redressement judiciaire représentent toujours moins d’un jugement sur quatre (2 109).

Sans surprise, ce sont les entreprises de moins de 5 ans qui sont le plus impactées par les ouvertures de procédure, à savoir 45 % du total. En prenant comme critère le nombre de salariés, 75 % des défaillances concernent des TPE de moins de 3 salariés. La situation n’est pas moins problématique pour les PME de 20 à 49 salariés. Sur ce 3e trimestre, le nombre de défauts a progressé de pas moins de 111 %, pour atteindre 186 cas, soit un niveau similaire au 3e trimestre 2019.

« 10 000 défaillances de plus sur un an, ce sont aussi des factures impayées »

« Le nombre de défaillances d’entreprises augmente très vite. Les difficultés, qui se concentraient ces derniers mois sur les activités B2C se propagent et n’épargnent plus les PME. Le contexte économique très tendu mine la confiance des acheteurs et la montée des risques fait trembler les directions financières. Nous encore loin des 50 000 procédures annuelles, mais l’accélération très forte de ces derniers mois pourrait impacter les fournisseurs qui peineraient à gérer la démultiplication soudaine des défauts de clients, a fortiori de PME. 10 000 défaillances de plus sur un an, ce sont aussi de nombreuses factures qui restent impayées », assure Thierry Millon, directeur des études Altares.

La grande majorité des secteurs font face à une forte progression des défaillances. Avec une augmentation de 150 %, la sinistralité dans la restauration bondit et approche le niveau de 2019 ; la hausse dépassant même les 200 % en restauration rapide. Autre secteur particulièrement touché : le commerce ; avec des progressions de plus de 100 % dans la plupart des domaines. Dans la construction, la progression apparaît moins rapide que la moyenne nationale (+ 55 %), grâce au gros œuvre (+ 27 %), mais le second œuvre dérape (+81 %). L’industrie accuse elle aussi une forte hausse de la sinistralité (+ 85 %).

« L’hypothèse d’un volume de défaillance contenu sous la barre symbolique des 40 000 en 2022 reste à ce stade plausible, mais compromise. Le risque d’une pénurie d’énergie et l’envolée des prix complexifient fortement l’équation budgétaire des prochains mois pour de très nombreuses entreprises, quel que soit leur taille ou leur secteur d’activité. D’autant qu’au-delà des factures qui flambent, s’ajoute la problématique du remboursement des dettes », poursuit Thierry Millon.