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Forte hausse des défaillances en 2022, mais sous le niveau de 2019

Avec la crise sanitaire et ses conséquences sur le moyen terme, les données sur les défaillances d’entreprise sont à manier avec prudence. Sur l’ensemble de 2022, ces dernières ont progressé de près de 48 % par rapport à l’année précédente. Mais, elles sont à un niveau inférieur de 20 % à celui enregistré en 2019. Une comparaison qui est plus significative.

Par Cyril ANDRE - le 06/01/23

Selon les données de la Banque de France, qui viennent d’être publiées, le nombre des défaillances d’entreprise a franchi la barre des 41 000 en 2022. Il s’agit d’une progression de 47,4 % par rapport à 2021. Ce chiffre englobe aussi bien les redressements judiciaires que les liquidations directes.

Entre 2021 et 2022, et par secteurs, la hausse a été la plus nette dans l’hébergement et restauration avec une progression de pas moins de 95,1 %. Elle a été, également, très marquée dans l’industrie (58,6 %), dans les activités financières et d’assurance (55 %) et dans le vaste secteur de l’enseignement, santé, action sociale et service aux ménages (55,8 %).

Sans grande surprise, car il s’agit d’un fait récurrent, ce sont les très petites entreprises et les petites entreprises qui ont été le plus touchées par les défaillances, avec une progression en 2022 par rapport à l’année précédente de respectivement 85,5 % et 86 %. La hausse de la sinistralité pour les ETI et les grandes entreprises est plus limitée (34,8 %).  

Scénario plutôt pessimiste pour 2023

L’accélération des défaillances d’entreprises en 2022 ne constitue pas une grande surprise. Durant deux années, en 2020 et 2021, le niveau de la sinistralité avait été maintenu artificiellement bas grâce au soutien puissant des aides gouvernementales et de la politique du « quoi qu’il en coûte ». En effet, en 2021, les défaillances étaient tombées à un quasi plus bas historique de 27 600 cas. La progression de près de 48 % enregistrée en 2022 est d’ailleurs analysée par la Banque de France comme un mouvement de normalisation. Un mouvement commun à tous les secteurs de l’économie.

La grande majorité des experts anticipent une hausse importante des défaillances en 2023, en France comme dans la plupart des pays occidentaux. Allianz Trade identifie deux principaux éléments qui pourraient avoir un impact négatif, et conséquent, sur la rentabilité des entreprises. Aux niveaux actuels, les prix de l’énergie feraient disparaître les profits de la majorité des entreprises non financières. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt, liée aux durcissements des politiques monétaires des banques centrales, devrait se poursuivre, parallèlement à la hausse des salaires. Selon Allianz Trade, cela va entraîner une baisse de 4 points des marges. En conséquence, Allianz Trade prévoit une hausse des défaillances de 29 % pour cette année, ce qui concernerait 53 000 entreprises.

Thierry Millon, directeur des études du cabinet Altares, se positionne sur la même ligne. Pour sa part, il anticipe 52 000 défaillances d’ici la fin de cette année 2023.  Si cette prévision se révèle proche de la réalité, la France renouerait ainsi avec les niveaux de défaillance antérieurs à la crise du covid.