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Artisans du bâtiment : un rythme de travail toujours très élevé

Les enquêtes sur la santé physique et morale des chefs d’entreprise sont suffisamment rares pour être signalées. La 8e édition du Baromètre Arti Santé, une enquête notamment menée par la Capeb, s’attache au suivi de la santé des artisans. L’un des principaux enseignements de cette enquête est l’augmentation du nombre d’heures de travail par semaine.

Par Cyril ANDRE - le 21/06/22

Ce baromètre met en évidence une forte reprise de l’activité dans le secteur du bâtiment en 2021, avec plus de la moitié des dirigeants d’entreprises artisanales qui ont repris leur rythme de travail d’avant la crise. La proportion des chefs d’entreprises artisanales travaillant plus de 60 heures par semaine a augmenté de 5 points en 2021 par rapport à l’année précédente. La seule gestion administrative représente de 10 à 25 % du temps de travail des chefs d’entreprise.

Il est intéressant de constater que cette charge de travail évolue en fonction de la taille de l’entreprise. L’an dernier, 14 % des artisans travaillant seuls déclarent faire plus de 60 heures par semaine contre 42 % pour ceux employant de 11 à 15 salariés. Il est à souligner que la moitié des artisans travaillent le week-end, « un chiffre stable par rapport à 2020, mais toujours préoccupant », note le Baromètre Arti Santé.

En dépit d’un rythme de travail pour le moins soutenu, les chefs d’entreprises artisanales sont plus nombreux à prendre entre 3 et 6 semaines de congés. En effet, 33 % seulement des dirigeants déclarent avoir pris au maximum deux semaines de congés en 2021, contre 41 % en 2020. Il est préoccupant de constater qu’une grande majorité d’artisans ont des difficultés à trouver un équilibre satisfaisant entre leur activité et leur vie privée. Ainsi, 79 % d’entre eux éprouvent le sentiment que leur vie professionnelle empiète sur leur vie familiale. Il est vrai que ce pourcentage était de 87 % en 2019.

Des artisans qui se disent fatigués

Sans surprise, 83 % des répondants assurent que les métiers du bâtiment sont exigeants physiquement, mais également mentalement pour 87 % de ces derniers. La gestion des chantiers, l’administratif et les difficultés quotidiennes provoquent du stress chez 51 % des artisans. Toutefois, 2021 est la première année, depuis la création de ce baromètre, qui marque une baisse de ce chiffre.

L’an passé, 76 % des artisans se déclarent en bonne santé. Pour la 8e année consécutive, les douleurs musculaires sont en baisse. « Une donnée d’autant plus encourageante que les troubles musculosquelettiques sont la principale cause d’accidents du travail et de maladie professionnelle dans le secteur du bâtiment », précisent les auteurs de cette étude. Néanmoins, une majorité de répondants continuent de souffrir de diverses pathologies comme des douleurs articulaires, des troubles émotionnels, des maux de tête et des troubles du sommeil. Plus globalement, 49 % des artisans interrogés disent être fatigués.

Un point demeure inquiétant. La part des chefs d’entreprises artisanales ayant été en difficulté psychique (anxiété, épuisement professionnel, dépression) est en hausse, à savoir 34 % en 2021 contre 32 % en 2020. Parmi ces derniers, un sur deux a évoqué ces difficultés à une tierce personne. L’an passé, ils étaient 23 % à déclarer la pérennité de leur entreprise menacée. Parmi eux, seulement 23 % se font aider, soit une baisse de 4 points par rapport à 2020. Sur ces deux derniers points, les campagnes de sensibilisation doivent se poursuivre.